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Fondation Attijariwafa bank
Art & Culture
04/08/2021

Focus Collection AWB, Le Maroc vu par les peintres étrangers : Joseph de La Nézière (1873-1944)

Focus Collection AWB : Le Maroc vu par les peintres étrangers : Joseph de La Nézière (1873-1944)

La collection Attijariwafa bank est l’une des plus riches et diversifiées au Maroc. Par le biais de trois décennies d’acquisitions visionnaires, elle a pu réunir des œuvres très représentatives de générations successives d’artistes, d’écoles et de tendances artistiques.

Tout au long de ce mois de septembre, la Fondation AWB vous proposera des œuvres d’artistes étrangers ayant vécu au Maroc.  Fascinés par ses paysages et la vie marocaine, ils ont dépeint le Royaume avec passion et marqué leurs successeurs. Parmi ces artistes, Joseph de la Nezière, Jacques Majorelle, Edy Legrand…

Dans cette publication, le projecteur focalisera sur Joseph de la Nézière (1873-1944), peintre ethnographe et peintre reporter, qui, à l’exemple de Delacroix, a peint avec précision des sorties du Sultan à Fès entre 1915 et 1917.

JOSEPH DE LA NÉZIÈRE (1873-1944)

Né à Bourges, Joseph de la Nézière est élevé à Paris. Au sortir d'un lycée jésuite, il s'inscrit auprès du peintre Alfred Roll, membre de l'Académie des Beaux-Arts. De ces années de formation artistique, il apprend à faire des études de paysage en plein air. Mais il se passionne surtout, comme son maître, pour la figure humaine. Chez lui, le dessin prime sur la couleur. Ces caractéristiques sont constantes tout au long de sa longue carrière. Entre septembre et octobre 1891, il séjourne une semaine, avec son ami Louis d'Esthélion, à Rome.

Il publie en 1892 ses souvenirs et ses dessins de la capitale italienne. L'année suivante, il reprend la route pour les Balkans en compagnie de son autre ami Henri Avelot. De leur périple, ils éditent, en 1895, un ouvrage intitulé « Monténégro, Bosnie-Herzégovine ». En 1897, Joseph de la Nézière se trouve en Tunisie. Il participe au salon tunisien qui a été crée en 1894. Cette même année, l'artiste expose et adhère à la société des peintres orientalistes français présente à Tunis et au Salon des Beaux-Arts parisien. Il restera fidèle aux deux associations artistiques jusqu'à sa mort. En 1898, il s'embarque vers de nouveaux horizons. Il fait partie, comme peintre de

" race ", de la mission Trentinian qui le même sur les routes du Sénégal et du Soudan. Ses quatorze planches de dessins sont exposées lors du salon des orientalistes en 1900. A l'exposition universelle tenue à Paris, la même année, il expose dans la section des Beaux-Arts et dans la salle dédiée aux orientalistes. Entre 1900 et 1901, l'artiste se rend en Chine, en Corée et au Japon et en 1901 en Indochine. De ces séjours, il publie en 1902 « L'Extrême-Orient en Image ».

Joseph de la Nézière retourne en Indochine et au Siam en 1911. Entre temps, il voyage en Tunisie, en Hollande, aux îles Marken, en Espagne, en Sicile et en Corse. En 1906, il participe à l'exposition coloniale de Marseille. Il décore le pavillon de l'Afrique occidentale français et effectue, pour la première fois, une affiche en collaboration avec son ami d'enfance, Joseph Pinchon.

A cette même manifestation, l'artiste gagne une bourse pour les Indes britanniques. En 1908, il adhère à la société coloniale des artistes français. Cette même année, à l'exposition franco-britannique de Londres, le pavillon de l'Algérie est orné de sa main de quatre frises peintes. En 1910, à l'exposition coloniale de Bruxelles, il décore le pavillon de l'AOF. En 1912, de retour d'Indochine et du Siam, il effectue de nombreux tableaux dont les plus beaux sont publiés, en 1914, dans le livre Poh Deng ( scènes de la vie siamoise.)

 

« Joseph de La Nézière et la société des peintres orientalistes français »

En 1893, la fondation de la société des peintres orientalistes français s'inscrit dans une longue tradition artistique datant du début du XIX° siècle. Son objectif majeur est de faire connaître et comprendre la culture des pays musulmans en France. Elle favorise donc le développement d'expositions de peintures et de sculptures orientalistes mais aussi d'art musulman. Celles-ci sont quasiment annuelles de 1893 à 1918. Tous les artistes attirés par l'Orient y participent. Les oeuvres présentées peuvent être impressionnistes, académiques ou réalistes. A la fin du XIX° siècle, le terme " Orient " englobe tous les pays à l'Est de l'Europe ainsi que les régions de culture musulmane existante ou passée. La société des peintres orientalistes français encourage ses adhérents à prendre le chemin de ces pays pour en ramener des études inédites. L'apparition du peintre académique Joseph de la Nézière (1873-1944) au salon de 1897 coïncide avec l'essor de l'orientalisme dans les pays maghrébins. La carrière de cette artiste suit l'extension de la société vers les colonies. Le mouvement artistique se transfère petit à petit au Maghreb. Des courants naissent dans ces pays. Avec eux, le regard des artistes change. L'orientalisme tend de plus en plus vers le réalisme. Le souhait de la société est de créer un Institut d'études orientales comme il en existe en Angleterre et en Indochine (1898.). Les buts purement culturels de l'association artistique intéressent le gouvernement. Ils peuvent contribuer à l'expansion de la France en outre-mer. Le ministère des colonies voit en ces peintres voyageurs des agents de propagande coloniale. C'est dans cette optique que le ministère accorde à la société des missions d'études pour l'Afrique Noire et l'Indochine.

Ainsi Joseph de la Nézière part-il au Soudan en 1898-1899 et deux fois en Extrême-Orient en 1901 et 1910. Il est à la fois peintre ethnographe et peintre reporter. Ses liens avec les autorités coloniales de ces contrées lui procurent une certaine renommée et des commandes publiques ou privées. A partir de 1900, la société étend son domaine artistique à des pays de culture autre que musulmane.

L'orientalisme se change en exotisme. Elle devient aussi de plus en plus proche de la politique coloniale de la III° République.

L'année 1906 marque un tournant décisif pour l'association artistique. Elle passe sous la tutelle du ministère des colonies. L'orientalisme ou l'exotisme se change en art colonial. Cette même année, le ministère des colonies conçoit la création de sa propre société : la société coloniale des artistes français. Elle ne prend corps qu'en 1908. Celle-ci se charge d'envoyer les peintres dans les colonies par la création de bourses de voyage.

La société des peintres orientalistes français concurrencée par la société coloniale des artistes français doit limiter son attraction au Maghreb. En Algérie, elle intervient directement dans l'essor pictural et sculptural avec la fondation de la Villa Abd-el-Tif en 1907. Son action est toujours aussi importante en ce qui concerne la préservation et la diffusion de la connaissance des arts musulmans (arts indigènes) en Algérie, en Tunisie et au Maroc.

D'ailleurs, en 1917, en collaboration avec l'office du protectorat de la République française au Maroc et de Joseph de la Nézière, elle organise une exposition d'art marocain au Pavillon de Marsan à Paris. Jusqu'en 1918, la société orientaliste garde le monopole sur les pays français d'Afrique du Nord. En 1919, la société coloniale ouvre une bourse pour le Maroc. Après la fin de la première guerre mondiale, les expositions orientalistes deviennent plus sporadiques. Elle participe aux expositions coloniales de 1922 et de 1931. Ces salons sont organisés en 1927 à la galerie Durand Ruel. Ceux de 1933, de 1938, de 1943 et de 1948 ont lieu à la Galerie 

SOURCE : Fondation Attijariwafa bank

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