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Vie Etudiante
29/01/2019

Quand le sommeil se détraque pendant les études

Sommeil chez les jeunes

Souvent, le sommeil est considéré par les étudiants comme une « variable d’ajustement pour gagner du temps ».

Un constat s’impose : les adolescents et jeunes adultes dorment de moins en moins et s’endorment de plus en plus tard, alors qu’ils ont souvent l’obligation de se lever tôt le matin durant la semaine. Près de 4 jeunes sur 10 (38 %) ferment l’œil moins de sept heures par nuit en semaine, selon l’enquête de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV) et de la MGEN de mars 2018, réalisée par OpinionWay auprès de 1 014 jeunes de 15 à 24 ans. Bien loin des recommandations des autorités sanitaires. « Seuls un tiers d’entre eux, qui dorment huit heures et plus en semaine, ne sont pas en dette de sommeil », observe la neurobiologiste Joëlle Adrien, présidente de l’INSV.

Sommeil des 15 à 24 ans

Lia, 22 ans, étudiante en droit à Paris, qui dort en moyenne six heures par nuit, se couche entre minuit et 2 heures du matin en semaine, et autour de 3 heures du matin le week-end. Elle a toujours mis du temps à s’endormir. Des angoisses récurrentes l’empêchent de tomber dans les bras de Morphée rapidement. « Ce manque de sommeil pose un filtre noir sur les choses », dit-elle, se plaignant d’être toujours fatiguée.

« Un changement physiologique propre à l’adolescence décale l’horloge interne des jeunes et fait qu’ils s’endorment plus tard.   A 8 heures, l’adolescent est en classe, le cerveau sur l’oreiller », résume le ­pédopsychiatre Jean-Luc Martinot. 

Quelles que soient les études, le manque de sommeil est avéré. D’ailleurs, la plupart des 18-25 ans l’éprouvent. Une étude norvégienne, publiée en août 2018 dans Journal of Sleep Research et portant sur 50 000 étudiants norvégiens de 18 à 35 ans, a montré que l’insomnie touchait 34,2 % des femmes et 22 % des hommes, avec une forte progression depuis 2010. « Cette population a toujours été en privation de sommeil en raison du mode de vie de l’étudiant, qui mène de front les études – avec souvent une grosse pression scolaire –, une vie personnelle dense sur le plan affectif et, parfois, une activité professionnelle, constate Sylvie Royant-Parola, présidente du Réseau Morphée. Le sommeil est à chaque fois la variable d’ajustement pour gagner du temps. » A cela s’ajoutent le stress des études, la course à la performance et le temps de transport, qui peut être long.

« Le cerveau sur l’oreiller »

Les rythmes sociaux sont décalés, les jeunes adultes se couchent de plus en plus tard. « On nomme “jet-lag social” le fait de décaler l’heure du coucher et donc l’horloge biologique », précise Marie-Laure Paillère, pédopsychiatre à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. Outre les rythmes sociaux, « un changement physiologique propre à l’adolescence, notamment le déclenchement de la mélatonine, l’hormone du sommeil, décale leur horloge interne et fait qu’ils s’endorment plus tard », estime le pédopsychiatre Jean-Luc Martinot, directeur de l’unité Inserm 1000 neuro-imagerie et psychiatrie. « A 8 heures, l’adolescent est en classe, le cerveau sur l’oreiller », résume le spécialiste. Beaucoup somnolent dans la journée, certains avouent même dormir pendant les pauses, et il n’est plus rare que les professeurs réveillent un élève endormi.

« Une carence chronique de sommeil a pour conséquence une fatigue chronique, voire de la somnolence, de l’irritabilité, et de la tristesse (pour 1 jeune sur 5). Elle joue aussi sur l’humeur, ce qui fait le lit de l’anxiété et la dépression. » Marie-Laure Paillère, pédopsychiatre

L’adage « L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt » ne s’applique pas forcément à cette tranche d’âge. En effet, des dizaines d’études ont suggéré que faire démarrer les cours plus tard aurait des effets bénéfiques sur le sommeil et la santé des adolescents. L’idée n’est pas nouvelle. L’Académie américaine de pédiatrie avait suggéré en 2014 de ne pas commencer les cours avant 8 h 30. Intitulée Sleepmore in Seattle – clin d’œil à la comédie américaine Sleepless in Seattle (Nuits blanches à Seattle, 1993) –, une nouvelle étude, parue en décembre 2018 dans Science Advances, a appuyé cette recommandation. Les adolescents qui commençaient l’école cinquante-cinq minutes plus tard (passant de 7 h 50 à 8 h 45) augmentaient leur durée médiane de sommeil de trente-quatre minutes, voyaient leurs notes progresser de 4,5 % et étaient moins somnolents. Pour les élèves d’un milieu défavorisé, le fait de commencer plus tard est également associé à un accroissement de la ponctualité et une moindre tentation de « sécher » les cours.

 

SOURCE : Le Monde

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