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13/03/2019

L’économie verte au Maroc : « enjeux et opportunités »

A la fin des années 60, une prise de conscience s’est faite face  aux désastres causés à la nature après trente ans de développement reposant sur le progrès et la croissance économique.  

Les Nations unies ont initié un cycle de conférences internationales, avec la conférence de Stockholmen 1972  une première Conférence qui fait explicitement référence à l’environnement, puis a suivi en 1992 la conférence de Rio, sur l’environnement et le développement, qui a popularisé l’objectif du développement durable.

Le Maroc a été ainsi parmi les premiers pays à signer et ratifier les trois conventions cadres issues du Sommet de Rio :

  • La première, la convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique ;
  • La deuxième, la convention sur la diversité biologique, vise à protéger l’ensemble de la diversité du vivant ;
  • Et la troisième, on a signé deux ans après Rio la convention sur la lutte contre la désertification.

Dix ans après, le sommet mondial sur le développement durable, à Johannesburg en 2002 et  la conférence dite de Rio+20 afin de rendre compte des dernières avancées dans le cadre du développement durable ainsi que les orientations à prendre dans les années à venir, l’accent a notamment été mis sur l’établissement d’une économie verte.

L’axe fondamental des engagements du Maroc consiste en l’intégration de la dimension de durabilité dans sa politique   nationale de développement ce dans souci de maintenir l’équilibre entre les impératifs de son développement socioéconomique  et l’utilisation rationnelle de ses ressources naturelles, répondant aussi aux aspirations des générations actuelles au bien-être et préservant le droit des générations futures à jouir d’un univers viable.

L’économie  verte est perçue aujourd’hui comme l’une des voies de sortie de la crise actuelle et une réponse possible aux déséquilibres engendrés par le modèle de croissance économique  classique.

En effet, le Maroc à l’instar des autres pays de la  méditerranée et comme la majorité des pays en développement, est confronté  à plusieurs problèmes écologiques économiques et sociaux.

Le coût de la dégradation de l’environnement au Maroc est l’équivalent  de 4% du PIB, et  le pays continuerait à subir la destruction annuelle de 30.000 hectares de forêt, une menace de désertification de 92% de son territoire national, les ressources hydriques se caractérisent par une demande en forte croissance alors que les ressources sont menacées de pénurie et une dépendance énergétique croissante de 97%.

Ces risques et bien d’autres entrainent d’énormes impact environnementaux, ce qui a nécessité l’insertion d’une véritable politique de développement durable et de l’économie verte.

Afin de bâtir une économie verte, le Maroc, au plus haut niveau de l’état, a confirmé son engagement en faveur d’une croissance verte de manière significative, autant sur le plan de réflexion que de l’action, suite aux discours royaux.

«…la nécessité d’impulser le processus de développement durable, dans lequel la question écologique occupe une place centrale. Elle se situe à la base de la croissance verte et innovante, potentiellement génératrices d’emplois. Aussi, engageons-nous  le gouvernement à donner corps aux grandes orientations issues du dialogue élargi visant l’élaboration d’une charte nationale pour la protection de l’environnement et le développement durable, dans un plan d’action intégré ayant des objectifs précis et réalisables dans tous les secteurs d’activité. Parallèlement, nous exhortons le gouvernement  à formaliser ce plans dans un projet de loi-cadre, dont nous voulons qu’il constitue une véritable référence pour les politiques de notre pays en la matière ».

L’article 31 de la constitution stipule que l’Etat, les établissements publics et les collectivités territoriales doivent œuvrer à la mobilisation de tous les moyens disponibles pour facilité l’égal accès des citoyennes et des citoyens aux conditions leur permettant de jouir du droit à un environnement sain.  
La Charte Nationale de l’Environnement et du Développement Durable (CNDD), adopté en décembre 2012 par le conseil de gouvernement, avait déjà ancré notre pays dans l’esprit de préservation de son environnement et le développement durable, devenu, une préoccupation majeure à tous les Marocains.

Notre pays est largement investi dans une logique de développement durable et s’est déjà engagé dans un processus d’économie verte. En mettant en place plusieurs plans et programmes, structurants  et de grande envergure : Plan Maroc vert, la stratégie énergétique, le plan Halieutis, le plan Emergence.

A l’instar de ce qui précède, le volet juridique a connu une véritable avancée depuis les années 1990, et grâce à une forte volonté politique, plusieurs avancées ont été réalisées dans ce domaine, notamment sur le plan réglementaire avec la promulgation des textes de lois adoptés qui couvrent presque tous les aspects relatifs au droit de l’environnement, il s’agit de: La loi cadre n°99-12 portant la charte nationale de l’environnement et du développement durable, la loi 36-15 relative à  l’eau, la loi 12-03 sur les études d’impact , la loi 13-03 sur la lutte contre la pollution de l’air, la loi 28-00 relative à la gestion des déchets et à leur élimination, et la loi n°15-58 relative aux énergies renouvelable modifiant la loi 13-09.

L’idée d’une nouvelle donne écologique a été lancée par de nombreuses recherches. Elle a mis l’accent que les moyens de remettre le monde sur les rails en le libérant d’une combinaison de crises économiques, environnementales et sociales.

Pour réaliser une transition d’économie verte, nous nous intéresserons dans la première partie de ce papier à définir les termes essentiels de l’économie verte et dans la deuxième partie, nous traiterons les enjeux et les opportunités de l’économie verte.  

I .Quelques définitions essentielles

Avant de commencer notre article, il nous parait essentiel de définir la notion de l’économie verte et celle de développement durable.

  • La définition de l’économie verte

L’économie verte est définit comme étant l’ensemble des activités économiques liées directement ou indirectement à la protection de l’environnement, à la gestion des ressources rares, aux énergies renouvelables, au changement climatique, à la prévention des risques.

Selon le PNUE, l’économie verte est définie comme  une économie qui entraîne une amélioration du bien être humain et de l’équité sociale tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux  et la pénurie de ressources »

L’économie verte est une économie qui apporte une amélioration du bien-être et l’équité sociale, tout en réduisant considérablement les risques environnementaux et les risques de pénuries écologiques.

Pour l’ONU l’économie verte est définie  comme  une manière écologique de faire des affaires. Elle est considérée aussi comme une manière d’arrêter d’opposer l’économie et l’environnement.

Le capital naturel devient un atout économique essentiel, c’est une source  de bénéfices pour l’ensemble de la population, notamment pour les plus pauvres.

Les objectifs principaux de l’économie verte sont la croissance économique, la préservation des ressources naturelles et des écosystèmes et l’éradication  de la pauvreté. Elle possède les caractéristiques suivantes: de faibles émissions de CO2, une gestion durable des ressources, et qui est socialement inclusive

L’économie verte signifie l’ensemble de l’activité économique générée  par toutes les entreprises qui produisent des biens et services contribuant à éviter, réduire ou supprimer des nuisances pour l’environnement. Elle désigne les activités économiques liées à l’écologie ou considérées comme bonnes pour l’environnement 

L’économie verte vise à soutenir le développement économique et la réduction de la pauvreté sans gaspiller les ressources naturelles. Les entreprises sont incluses et l’hypothèse porter leur dit : « dès demain, votre innovation doit avoir pour premier objectif  non pas seulement de vendre plus, mais de consommer moins de ressources, dans tout ce que vous produisez » .

Les dimensions de l’économie verte :

La dimension sociale : Requière l’engagement envers l’équité sociale, l’inclusion des groupes vulnérables, le travail décent pour tous, les emplois verts, la protection sociale, la démocratie et les droits.

La dimension environnementale : Répond à la nécessité d’utiliser efficacement les ressources naturelles, donner la priorité aux sources renouvelables internationalisées, les coûts sociaux et environnementaux pour les pays les plus pauvres, analyser le cycle de vie des produits, atteindre l’objectif zéro carbone et zéro déchets.

La dimension économique : Nécessite une réglementation financière  solide, une restriction de la spéculation et un soutien en faveur de l’économie réelle.

L’une des notions au cœur de l’économie verte est celle du développement durable.

La définition de développement durable

On entend généralement par développement durable un développement qui répond aux besoins d’aujourd’hui sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs.

La réalisation d’un développement soutenu et équitable demeure  pour notre pays un défi majeur.

En effet la valorisation des ressources naturelles (forets, eau, air) est  l’une des options recherchées de ce développement.

Le développement durable des ressources dépend essentiellement du contexte socio-économique environnant.

Il est admis que la durabilité ne puisse être assurée que si le développement est socialement juste, économiquement efficace et écologiquement sain.

 Le concept d’économie verte ne remplace pas le développement durable néanmoins il est de plus en plus largement reconnu  que la réalisation du développement durable dépend presque entièrement d’une économie verte. 

II  Les  enjeux et les opportunités de l’économie verte.

A – Les enjeux de l’économie verte

La croissance verte est un enjeu majeur pour promouvoir une répartition équitable des richesses au sein des nations et entre les nations, réduire les disparités entre riches et pauvres, et atteindre la justice sociale et économique, dans un partage durable et équitable des ressources de la planète et en laissant un espace suffisant pour la faune  et la vie sauvage.

  • La Sauvegarde de la biodiversité et d’empêcher la pollution de l’environnement 

En tant que partie intégrante du développement et du bien-être humain, il faut protéger et restaurer la biodiversité, et développer un système de gouvernance pour protéger les écosystèmes et leurs résistances contre des dommages irréversibles. Le bien-être humain, la qualité de vie et la santé environnementale devraient être les lignes directrices du développement économique. Les écosystèmes et les ressources environnementales doivent être soigneusement gérés et sauvegardés afin d’augmenter la valeur des bienfaits environnementaux auprès des générations futures et de répondre équitablement à leurs besoins, ce qui leur permettra  de prospérer. 

  • Le Maintien d’une croissance économique verte  et de l’emploi

Le développement durable et l’économie vont de pair puisque l’économie verte n’entrave pas mais, plutôt, encourage le développement de l’emploi et la richesse des nations. La transition vers une économie verte créera de nouveaux emplois et par conséquent un taux plus élevé de croissance économique. Une économie verte crée des dizaines de millions d’emplois verts.   Le potentiel d’emploi que recèlent les secteurs des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, confirmé par la mise en perspective à l’horizon 2030, montre que la biomasse, l’efficacité énergétique et l’industrie photovoltaïque représentent un gisement de plus de 23 millions d’emplois à l’échelle mondiale.

Figure 1 : Le nombre total d’emplois dans le secteur d’énergie dans   le Monde

 

  1. Les Opportunités de l’économie verte pour le Maroc

Le Maroc adhère à l’économie verte et  engage un processus de leur adoption car  le concept de l’économie verte incarne une croissance durable  et de création d’emplois et consiste en une nouvelle approche de développement économique et humain durable  génératrice de plusieurs opportunités.  

  • Les différentes opportunités de l’économie verte 

L’économie verte est une économie débouchant sur une amélioration du bien-être humain et une réduction des inégalités à long terme sans  exposer les générations futures à des risques environnementaux et des pénuries écologiques majeurs.

L’économie verte consiste donc à promouvoir la croissance  et le développement tout en réduisant la pollution et les émissions de gaz à effet de serre, en limitant le plus possible la production  de déchets et le gaspillage des ressources naturelles, en préservant la biodiversité et en renforçant la sécurité énergétique.

  • L’opportunité de développer de nouveaux produits   et de nouveaux marchés

Les perspectives de développement des marchés sont très importantes, la plupart devrait connaître un doublement de leur chiffre d’affaires d’ici 2020.

La création de nouveaux marchés permettra en retour de réduire le coût de disponibilité des technologies environnementales.

Le développement du marché national créera ainsi les conditions de son développement futur dans des marchés d’exportation en expansion :

  • La valorisation des écotechnologies, soit l’ensemble des technologies don l’emploi est moins néfaste sur l’environnement que le recours aux techniques habituelles répondant aux mêmes besoins ;
  • La pratique d’une production et consommation responsable allant de la conception jusqu’à la production des milliers de produit
  • La protection et le rétablissement des services éco systémiques : l’eau, le sol et la biodiversité ;
  • Le développement durable en matière de transports, production industrielle, habitat et bien d’autres domaines ;
  • Une rationalisation du processus productif entraînant une amélioration de l’efficacité ainsi qu’une rationalisation des coûts.

 

  • La création des nouveaux emplois verts.

Face aux besoins croissants en eau et produits énergétiques, les secteurs de l’économie verte offrent une série d’opportunités de création de richesses et d’emplois.

L’économie verte souscrit au développement de nouvelles filières industrielles reliées aux technologies et de nouveaux services qui vont engendrer de nouveaux modes de vie, de consommation et de production  plus sobres en ressources naturelles et faiblement émetteurs de Gaz à Effet de Serre.

Le Maroc estime que les investissements projetés dans les secteurs des énergies renouvelables, de l’efficacité énergétique, de l’assainissement, de l’épuration des rejets liquides et de la gestion des déchets solides sont estimés à 20 milliards d’euros avec un potentiel identifié  de création d’emplois de plus de 130 000 postes à l’horizon 2030  .

Tableau 1 : Nombre d’emplois à créer  dans le secteur de l’économie verte à l’horizon 2030 Au Maroc

Conclusion

Pour relever les défis liés  à la protection de l’environnement et le développement durable. Une approche intégrée doit être adoptée à tous les niveaux afin d’atteindre plus facilement une durabilité socio-économique et environnementale grâce à l’établissement d’un agenda stratégique avec les sociétés civiles et les intervenants, et par l’intermédiaire de tout ministère compétant. Le Maroc se doit de renforcer les conditions  de l’économie verte :

  • Renforcer la volonté politique  et régionaliser la politique publique de l’économie verte;
  • Investir dans la recherche, le développement et l’innovation;
  • Sensibiliser les populations aux opportunités de l’économie verte;
  • Etablir et mettre en vigueur le cadre juridique et institutionnel de l’économie verte                                           
  • Et Instaurer, éventuellement, des incitations fiscales et/ou financières en faveur de l’économie verte
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